vendredi 24 septembre 2010

A L'EST D'EDEN - JOHN STEINBECK // A L'EST D'EDEN - ELIA KAZAN


A L'EST D'EDEN, LE LIVRE



De la guerre de Sécession à la première Guerre mondiale, A L’EST D’EDEN retrace le destin mouvementé de la famille Trask. Trois générations d’hommes se succèdent et s’affrontent dans des querelles où l’amour se mêle à la haine. Parmi eux, s’immisce la diabolique Cathy, objet de leurs passions et de leurs rivalités...

ça y est, c'est fait ! J'ai terminé A L'EST D'EDEN, le chef d'oeuvre de John Steinbeck !! Qualificatif ici très largement mérité !! L'histoire n'a pas vraiment de début, ni de milieu; sa fin aspire de plus aspire à la continuité. Bien évidemment, Steinbeck ne s'en cache pas, ce livre fait référence à la Bible, mais surtout au mythe d'Abel et Caïn. L'enfant aimé de Dieu et l'autre rejeté. Il y a la mort de l'autre, il y a la lutte entre le bien et le mal, et il y a le contexte historique et géographique. Les uns après les autres se libèrent du poids du temps, les uns après les autres disparaissent, survivent, s'interrogent, grandissent, aiment ou haissent. Le style de Steinbeck s'adapte parfaitement à cette longue saga jamais ennuyeuse où il n'y a rien à jeter. Tout est parfaitement intelligent, les chapitres se suivent et ne se ressemblent pas (le récit est émaillé de petites chroniques sur l'évolution de la vallée de Salinas au fil du temps), on se laisse complètement happé par cette histoire où alternent les passages épiques et les instants de vie plus ancrés dans le réel et le quotidien. Les personnages que l'on suit, avec effroi,  dégoût, colère ou émotion, dans leurs aventures, semblent se trouver de part et d'autre d'une frontière perméable. Les bons d'un côté, les mauvais de l'autre. Mais plus on avance dans la lecture, plus cette frontière se fissure et finit par voler en éclat. Steinbeck sait comme personne brosser le portrait de personnages pleins et entiers et les impliquer dans des situations où se révèle leur complexité. Samuel plein de force et de générosité. Lee plein de sagesse. Cathy Ames pleine de vice et de duplicité. Mais il ne se contente pas de ces portraits appuyés, il plonge dans les contradictions de chaque caractère. Steinbeck explore ainsi les passions humaines : la jalousie, la vengeance, le courage, ... et ses questionnements philosophiques : suis-je différent ? puis-je lutter contre ma nature profonde ? etc) bref des sentiments forts pour un livre qui l'est tout autant ...

Abra, ma mère était une prostituée. Je sais, tu me l'as dit, mon père était un voleur. Le sang de ma mère coule dans mes veines, Abra. Le sang de mon père coule dans les miennes.

Il établit le code suivant : 1. Ne crois personne. On t'en veut. 2. Boucle-là. Mêle-toi de ce qui te regarde. 3. Ouvre les oreilles. Si tu entends quelque chose, mets-le de côté, ça pourra resservir. 4. Tous les gens sont des vaches, et quoi que tu leur fasses, c'est bien fait. [...] Ne crois qu'en une chose : l'argent. Tout le monde en veut. Tout le monde se vend. 


And this I believe: that the free, exploring mind of the individual human is the most valuable thing in the world. And this I would fight for: the freedom of the mind to take any direction it wishes, undirected. And this I must fight against: any idea, religion, or government which limits or destroys the individual. This is what I am and what I am about.

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A L'EST D'EDEN, lE FILM D'ELIA KAZAN



1914. Adam Trask exploite ses terres à Salinas Valley, aidé par ses 2 fils, Cal et Aaron. Tous deux croient que leur mère est morte. Cal est persuadé que son père ne l'aime pas. Un jour, il apprend que sa mère n'est pas morte mais qu'elle tient une maison close. Dès lors, ses rapports avec son père vont se dégrader de plus en plus... 

 Elia Kazan a choisi de ne traiter qu'une partie (la dernière) du roman de Steinbeck, j'ai d'abord trouvé cela vraiment dommage mais c'était sans compter le talent de réalisateur et surtout l'interprétation magistrale de James Dean (dans le rôle de Cal et que Kazan a décidé de mettre particulièrement en avant) ! Ce film a  imposé "Jimmy" au cinéma, rien que pour cela c'est un incontournable ! Le jeune acteur est d'ailleurs l'atout principal de cette adaptation partielle qu'il porte littéralement sur ses épaules ! Il crève littéralement l'écran avec sa voix nonchalante (ainsi que sa démarche), ses expressions toujours maussades, furieuses, ou rieuses, c'est le roi de l'improvisation, spontané, débordant d'émotion ! Pour en revenir à l'œuvre elle-même, A l'Est d'Eden est un très bon drame psychologique et familial, la construction est certes classique mais on y retrouve tout ce qui a fait (et fait encore) le succès du roman !!  


(Petite parenthèse : Elia Kazan, quel bonhomme tout de même : imposer 2 légendes du cinéma à la suite ... (la 1ère étant Brando dans Un Tramway Nommé Désir). 



Un film culte à voir et revoir !!

Cette scène est juste géniale !! 

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