C'était l'été où Coltrane est mort, l'été de l'amour et des émeutes, l'été où une rencontre fortuite à Brooklyn a guidé 2 jeunes gens sur la voie de l'art, de la ténacité et de l'apprentissage. Patti Smith deviendrait poète et performeuse, et Robert Mapplethorpe, au style très provocateur, se dirigerait vers la photographie. Liés par une même innocence et un même enthousiasme, ils traversent la ville de Brooklyn à Coney Island, de la 42ème rue à la célèbre table ronde du Max's Kansas City, où siège la cour d'Andy Warhol. En 1969, le couple élit domicile au Chelsea Hotel et intègre bientôt une communautés de vedettes et d'inconnus, artistes influents de l'époque et marginaux hauts en couleur. C'est une époque d'intense lucidité, les univers de la poésie, du rock'n roll, de l'art et du sexe explosent et s'entrechoquent. Immergés dans ce milieu, 2 gamins font le pacte de toujours prendre soin l'un de l'autre. Romantiques, engagés dans leur pratique artistique, nourris de rêves et d'ambitions, ils se soutiennent et se donnent confiance pendant les années de vache maigre.
Je viens de finir Just Kids de Patti Smith. Je l'avais acheté en septembre avant la conférence de Patti à laquelle j'ai eu la chance d'assister mais j'ai préféré prendre mon temps et savourer chaque passage de ce livre ... qui nous entraîne comme un tourbillon dans une époque où tout semblait possible, une période de mutations que je n'ai pas connu mais qui me laisse pourtant bien nostalgique ... Patti Smith livre en effet ici le conte de sa jeunesse bohème dans le New York de la fin des années 60. Si le bouillonnement artistique new yorkais est au coeur du livre, elle ne cherche pas à embellir cette période d'apprentissage de sa vie d'artiste et de femme.Ses errances le ventre vide avec Rimbaud en poche, ses petits boulots dans une librairie ou chez un disquaire, sa vie avec la faune du Chelsea Hotel ou de la Factory, sa douleur de voir l'homme qu'elle aime s’éloigner pour explorer son identité homosexuelle (notamment en se prostituant), son admiration pour Bob Dylan, Jim Morrison, ..., ses rencontres inattendues avec William Burroughs, Allen Ginsberg, Jimi Hendrix, Janis Joplin ou Gerard Malanga, ses idylles avec Sam Shepard, Allen Lanier, ..., ses essais avec des troupes de théâtre expérimental, ses doutes, ses angoisses, ses joies, ses idoles qui disparaissent les unes après les autres : Brian Jones, Edie Sedgwick, son périple à Charleville où est enterré Rimbaud, ... mais surtout son histoire d'amour / amitié avec Robert Mapplethorpe, le sulfureux plasticien. Une autobiographie donc bien loin des clichés "ma vie, mon oeuvre, mes succès" ou "sexe, drogue et rock'n roll" et qui se veut surtout un vibrant hommage à l'homme - artiste de sa vie, auquel elle avait promis de raconter LEUR histoire, Robert Mapplethorpe. On découvre ainsi que Patti Smith a mis du temps à devenir chanteuse et compositrice et que Robert n'a pas tout de suite fait de la photo (alors qu'il sera célèbre essentiellement comme photographe). Mais il existait une vive émulation entre les 2 artistes, leurs univers se complétaient, se répondaient. C'est lui qui l'a poussé à mettre ses poèmes en musique et à monter sur scène et c'est elle qui l'a convaincu de faire de la photo. Le style de Patti Smith est simple mais extrêmement élégant et poétique. Les dernières pages évoquant la mort de Robert, atteint du Sida, à la fin des années 80 sont ultra bouleversantes (pour tout vous dire, j'ai pleuré ... ce qui m'arrive extrêmement rarement en lisant un livre). Just Kids, un ouvrage passionnant et touchant à lire absolument !
Le travail de Robert Mapplethorpe est assez brutal, très axé sur le sexe masculin, la nudité mais très novateur (ses clichés peuvent faire penser aux oeuvres d'Andy Warhol mais Robert va beaucoup beaucoup plus loin !!). Quoi qu'il en soit, j'aime énormément ses autoportraits, celui ci notamment :
Il a également fait de superbes clichés de Patti Smith, figurant pour la plupart sur ses pochettes d'albums :
JUST KIDS, PATTI SMITH >> 5/5
Il a également fait de superbes clichés de Patti Smith, figurant pour la plupart sur ses pochettes d'albums :