vendredi 25 mars 2011

THE RED SHOES - MICHAEL POWELL & EMERIC PRESSBURGER


Vicky, danseuse, et Julian, compositeur, sont engagés dans une troupe de ballet. Tyrannique, le directeur pousse Vicky à s'identifier à l'héroïne du ballet "Les Chaussons Rouges". Elle y sacrifie tout, même son amour pour Julien ...

Avant même de le voir, Les chaussons rouges revêt une aura mythique ! On dit que Scorsese, Spielberg, Coppola ou encore DePalma ont déclaré un jour que leur envie de faire du cinéma n’aurait pas été aussi définitive sans ce film là… Pour Martin Scorsese, il s’agit même du « plus beau film en Technicolor : une vision jamais égalée ». Mieux encore, les producteurs du film avaient d’abord décidé de ne jamais le sortir tellement ils ne l’avaient pas aimé. C’est William Heinmann, dirigeant d’un petit cinéma de New York et emballé par le film, qui décide d’en obtenir les droits pour le sortir aux Etats-Unis. Le succès est tellement retentissant que le film sortira finalement en Angleterre… 

J'ai eu pour ce film un énorme coup de coeur ! Les Chaussons Rouges m'a totalement transporté et chamboulé comme seuls les grands classiques savent le faire ... Ce film est un vibrant hommage à la danse, à l'Art et à tout ce à quoi on est peut-être capable de renoncer pour le vivre pleinement. 

Avec ses allures de conte de fée, The Red Shoes brille par la qualité de sa photographie poétique et noire à la fois (l'une des plus belles que j'ai pu voir jusqu'à présent), son impressionnante technique (hallucinantes, surtout pour l'époque) et l'émotion palpable avec laquelle chaque personnage agit. 


Victoria Page est passionnée par la danse. Elle vit pour elle. On comprend très bien que Les Chaussons Rouges n'est pas seulement le titre du ballet inspiré par le conte d'Andersen. 


Dans ce conte, une jeune orpheline convoite une paire de souliers rouges qu'elle parvient à se faire offrir alors qu'ils lui sont interdits (vous pouvez tout à fait imaginer tout le Mal qu'incarne cette paire de souliers !). Elle les enfile aussitôt et se met à danser, danser, danser, sans pouvoir s'arrêter, même au bord de l'épuisement. La seule solution est alors pour la jeune fille de demander à un bûcheron de lui trancher les pieds... Et oui, ça se passe comme ça chez Andersen !

 Le film de Powell et Pressburger propose alors une mise en abime aussi ingénueuse que vertigineuse puisque le destin de Victoria épousera celui de la petite orpheline. Par ailleurs, le ballet Les Chaussons rouges, création des ballets Lermontov, se trouve au coeur du film, Les Chaussons rouges de Powell et Pressburger, à travers une longue scène dansée (mettant en scène 53 danseurs) de 17 minutes (qu'on ne voit vraiment pas passer), juste incroyable ! 

Plus d'un quart d'heure d'images sublimes, tout d'abord très réalistes puis basculant du côté du fantastique et de l'onirique, lorsque le ballet prend des airs de conte, se déroulant au milieu de décors colorés, terrifiants et grandioses. 


Il est incroyable de se dire que ce film a plus de 60 ans ! Si la 1ère partie du film fait la part belle au thème de la création, la seconde, qui débute juste après la longue scène de ballet, est davantage consacrée aux sentiments puisque, la relation qui unit Vicky et Julian arrive aux oreilles de Lermontov (je ne vous dévoile rien en vous disant cela puisqu'on s'en doute depuis l'instant où leurs regards se croisent). Néanmoins, ce léger basculement vers la romance est largement compensé par une fin magistralement mise en scène, tragique et bouleversante, qui ne peut laisser personne indifférent. 

Les acteurs sont en outre vraiment excellents. Anton Walbrook est absolument parfait dans le rôle complexe et ambigu de Boris Lermontov. Protecteur, on le sent très proche de Vicky, exclusif, sans jamais dépasser les limites qu'il (s') impose (à) lui-même. En effet, il serait mal venu qu'il exprime son amour, lui qui ne cesse de clamer que rien ne doit venir perturber l'art ! Mais il est également intransigeant, presque inhumain à force de renier tout sentiment. Sa relation avec Vicky est donc très délicate à définir puisque Lermontov est lui-même bourré de contradictions


 Quant à Moira Shearer, l'interprète de Victoria Page dont le premier métier est danseuse (de longue carrière bien qu'elle n'ait que 22 ans) et non actrice s'en sort superbement bien puisqu'elle donne véritablement corps à Vicky et parvient à s'affirmer face à Walbrook ! 


Un pur chef d'oeuvre tragique, hanté et flamboyant !


THE RED SHOES - MICHAEL POWELL & EMERIC PRESSBURGER >> 4,6/5

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