dimanche 30 octobre 2011

PULP - CHARLES BUKOWSKI


Louis-Ferdinand Céline n'est pas mort en 1961. On l'a aperçu à Los Angeles. Et une pulpeuse créature qui n'est autre que la Mort charge un «privé» minable, Nick Belane, de le retrouver : «Je veux m'offrir, dit-elle, le plus grand écrivain français.» Ainsi commence l'ultime roman du génial et intenable Charles Bukowski. Une enquête échevelée, jalonnée de saouleries et de cadavres, d'autant plus compliquée que le malheureux Belane doit aussi retrouver le Moineau écarlate et pister une nommée Cindy qui roule en Mercedes rouge...

C'est avec un rythme soutenu que Bukowski nous plonge dans une histoire rocambolesque avec comme compagnon, le meilleur privé de L.A. Nick Belane. L'auteur ne mâche pas ses mots. Le vocabulaire est cru mais le style n'en reste pas moins soigné.
Prenez les stars de cinéma par exemple, on leur retape le visage avec la peau des fesses. Car c'est bien là la dernière chose à se flétrir. Du coup, ces stars finissent leur existence avec une tête de cul.
Pulp dévoile un personnage à la fois dégoutant et attachant. Malgré son addiction pour l'alcool, son obsession pour les femmes et ses répliques tonitruantes, Nick Belane cache une sensibilité et un mal-être profond. Totalement dépressif, parfois même à la limite du suicide, il ne se laisse jamais soudoyer et continue jusqu'au bout ce pourquoi il a été embauché. Le récit passe du drame à la franche rigolade à chaque page. Le lecteur est entraîné tantôt dans un polar classique tantôt dans une situation totalement fantaisiste à la limite du délire. Bukowski ne se contente évidemment pas de raconter une histoire abracadabrante et jouissive, on retrouve dans son roman les grands thèmes qui ont construit son oeuvre tels que l’insignifiance de nos existences, les névroses et les bas instincts qui animent l'humanité, le tout asséné avec une certaine légèreté, un lyrisme et un humour décapant. 
Chienne de philosophie ! L’homme est né pour mourir. Impossible de nier l’évidence. On se rattache à tout ce qui passe et on attend. On attend le dernier métro. On attend une paire de gros nibards dans une chambre d’hôtel, une nuit d’août à Las Vegas. On attend que les poules aient des dents. On attend que le soleil baise la lune. Et en attendant, on se raccroche à n’importe quoi. (…) 
Pulp est un court récit extrêmement surprenant et bien mené, ma 1ère "expérience Bukowski" est pour ma part extrêmement réussie, je me ferais en effet un plaisir de lire ses autres oeuvres !  

PULP, CHARLES BUKOWSKI, 4.5/5

lundi 17 octobre 2011

MELI MELO


MYSTERY TRAIN - JIM JARMUSCH


Memphis, Tennessee, la ville du king Elvis Presley. Un couple de Japonais en pélerinage, une jeune femme venant chercher les restes de son mari, quelques copains dépressifs et alcooliques vont se croiser sans vraiment se rencontrer ...

Avec Mystery Train, Jim Jarmusch signe un très joli film sur l'errance. Il y raconte trois petites histoires qui se déroulent le même jour à Memphis, dans le Tennessee, ville mythique du King Elvis Presley ... Les 3 histoires sont mises bout à bout les unes à la suite des autres, proposant ainsi au spectateur 3 cycles temporels d'une même journée, unis par quelques effets dramatiques communs : une chanson d'Elvis à la radio (Blue Moon), un hôtel en état de décomposition dans lequel tous les personnages échouent pour la nuit et un coup de feu, vécu à 3 degrés divers du moins impliqué au plus impliqué ... 2 touristes japonais, une veuve italienne, 3 paumés locaux sans repères ... leurs personnalités font mouches et on suit tous ces personnages avec beaucoup de plaisir. Jim Jarmusch prend son temps, les accompagne, les filme au rythme de leur découverte de la ville de Memphis. La plupart des scènes se déroulent la nuit : enseignes lumineuses, ... et / ou dans des lieux déserts et délabrés, Memphis apparaissant ainsi comme une ville fantôme. Heureusement que la présence d'Elvis plâne encore sur Memphis pour y attirer les touristes (il y fait d'ailleurs apparition mais s'excuse car il s'est trompé de chambre ...) ... Les dialogues sont savoureux, ils nous embarquent nonchalemment dans une douce et belle mélancolie parcourue par un humour toujours décalé et souvent noir. Sans oublier le casting, impressionnant : Screamin' Jay Hawkins, Steve Buscemi, Joe Strummer, ... et à la hauteur ! Mystery Train fait parti de ces films singuliers et poétiques où chaque plan surpasse l'autre sans jamais forcer le trait ... A voir absolument ! 


MYSTERY TRAIN, JIM JARMUSCH (date de sortie : 6 septembre 1989) >> 4.1/5

samedi 15 octobre 2011

UN LEGER PASSAGE A VIDE - NICOLAS REY



Le récit d'une descente aux enfers. Trentenaire mondain et brillant, tombé dans les excès de la drogue, de l'alcool et des médicaments, Nicolas Rey va-t-il être sauvé par la naissance de son fils ?

J'avais acheté ce livre car j'avais bien aimé l'interview de Nicolas Rey chez Ruquier (je crois ?) il y a quelques mois mais pour être honnête la lecture de ce livre m'a déçue ... Nicolas raconte les dernières années d'une vie en dents de scie : son ennui, son spleen, ses défonces, sa dépendance à l'alcool, aux médicaments et à la cocaine, sa cure de désintoxication. Un Léger Passage A Vide est une sorte de journal intime fait de courtes descriptions malheureusement assez superficielles. Le style est moderne, branché, certes mais ça part un peu dans tous les sens. Quelques bons passages, pas mal d'humour et de cynisme qui font passer un moment agréable, c'est donc parfois bien écrit et touchant mais c'est trop souvent ultra égocentrique. ça m'a dans une certaine mesure fait penser à Beigbeder pour le côté parisien branché, irresponsable et immature (en un peu mieux car plus sincère). Aussitôt lu, presque aussitôt oublié ...

UN LEGER PASSAGE A VIDE, NICOLAS REY >> 2.5/5

ME AND ORSON WELLES - RICHARD LINKLATER


Nous sommes le 5 novembre 1937. Il n'est peut-être pas encore devenu le génie du cinéma que l'on sait, mais à New York, le nom d'Orson Welles, 22 ans, est déjà connu de tous. Le génial artiste vient en effet de faire un tabac en montant McBeth à Harlem. Dans quelques semaines, ce sera sa vision moderne et contemporaine de Julius Caesar, toujours de Shakespeare, qui sera dévoilée au Théâtre Mercury. Alors que la dernière semaine de répétition s'entame, Richard Samuels, un jeune homme de 17 ans épris d'art dramatique parvient à se faire engager par le maestro pour jouer le rôle de Lucius. Pour lui commence alors une aventure unique, faite de passion, d'ego et de créativité.

Embarquant dans le New York de la fin des années 30, la direction artistique de Me and Orson Welles est un sans faute qui nous replonge habilement dans une Amérique pré conflit mondial. L'ambiance, les décors, les costumes ... tout y est ! Quant à Orson Welles, ce n'est pas sur Welles cinéaste que Richard Linklater  se penche dans ce film mais sur son expérience en tant que metteur en scène plutôt méconnue, ce choix lui permettant ainsi de de montrer l'entièreté du personnage, de le dépeindre dans toute sa splendeur et ses excès. Ses accès de colère accompagnent sa créativité et son exigence artistique. Pour redonner vie à ce mythe du cinéma, le réalisateur ne s'est pas trompé en optant pour le charismatique Christian McKay qui tout en reprenant les expressions de Welles évite la simple transposition et la surenchère. Les autres acteurs ne déméritent pas pour autant (Zac Efron >> oui oui, Claire Danes ainsi qu'une ribambelle de rôles secondaires caractérisés avec soin) Le film se veut enthousiaste et ne souffre franchement d'aucune longueur superflue. Le montage est classique, les transitions sèches. On assiste entre autres à des séquences de théâtre filmé, le procédé aurait pu s'avérer ennuyeux ... mais la vivacité de la caméra, les différents angles de prise de vue, le choix de plan de coupe qui place le spectateur là où il ne peut jamais se trouver (càd sur les planches et aux côtés du metteur en scène) change totalement la donne. Des rebondissements, de l'humour, une belle photographie et reconstitution de l'époque bref un bon divertissement ! 


ME AND ORSON WELLES, RICHARD LINKLATER (date de sortie : 25 novembre 2009) >> 3,4/5

MIKAL CRONIN - MIKAL CRONIN


La scène garage de San Francisco a sans aucun doute explosé ces 5 dernières années. Le nouvel ajout à ce groupe en constante augmentation s'appelle Mikal Cronin. Bien que Cronin fasse parti de cette scène depuis  un petit bout de temps déjà - chanteur et guitariste au sein des Moonhearts et proche collaborateur de Ty Segall, cet album éponyme est sa première incursion musicale en solo.


Si Mikal Cronin est bien un de ces mecs de rock garage californien, son premier album solo est bien plus qu'un simple disque qui sent bon le sable chaud ! Mikal Cronin est un parfait mélange de tout : du surf rock'n roll 60's à l'indie rock 90's. On retrouve en effet des harmonies vocales très Beach Boys, des guitares fuzzy et psyché, du surf pétaradant, de la rêverie doo woop et des frappes garage. Les paroles ont été écrites durant les années universitaires de Mikal mais c'est surtout l'instrumentation et la composition qui brillent sur ce disque. Cronin est punk dans l'âme mais a l'esprit pop classique. Le premier titre Is It Alright en est d'ailleurs le parfait exemple : imprévisible mais rock garage tout de même, il se termine par un solo de flûte totalement fou. Le reste de l'album suit le même chemin, transgressant avec finesse la frontière entre musique pop et authentique rock'n roll. Mikal Cronin n'est pas totalement exempt de défauts mais se situe nettement au dessus de la mêlée, Mikal Cronin est un très bon disque, cool, frais, honnête et novateur. 

 Apathy - Mikal Cronin by Katie Darby Recommends
 4. Get Along - Mikal Cronin by declanmr
 MikalCronin - Gone by radiowar

MIKAL CRONIN, MIKAL CRONIN >> 4/5

jeudi 13 octobre 2011

JANE EYRE - CARY FUKUNAGA (2011)


Après une enfance triste au pensionnat de Lowood, la jeune orpheline Jane Eyre est engagée à sa majorité comme gouvernante de la petite Adèle chez le riche Edward Rochester. Edward, homme ombrageux errant dans son immense demeure, ne tarde pas à être sensible aux charmes de Jane qui, elle, se sent attirée par ce personnage énigmatique. C'est bientôt une folle passion, jusqu'au moment où ...

Jane Eyre, voilà une adaptation cinématographique que j'attendais avec beaucoup d'impatience ! Porter une nouvelle fois à l'écran cette oeuvre classique de la littérature anglaise était un pari plutôt risqué ... d'autant que le roman de Charlotte Brontë a déjà fait l'objet d'une quinzaine d'adaptations (télévisuelles ou cinématographiques) ... j'avais très peur d'être déçue (Jane Eyre fait parti de mes livres préférés depuis de nombreuses années) mais mes appréhensions se sont envolées dès les premières minutes du film ... Jane Eyre courant dans la campagne, le tout subtilement enrobé de mystère noir, presque gothique ... Je n'ai pu m'empêcher de penser à l'excellente adaptation d'Orgueils et Préjugés de Joe Wright en visionnant Jane Eyre, qu'il s'agisse d'Orgueils et Préjugés ou de Jane Eyre, elles sont en effet toutes deux de haut niveau. L'histoire, bien que la vie de Jane Eyre soit montrée en flashbacks (décision intéressante s'il en est, le suspense étant ainsi exploité à son maximum), est extrêmement proche du livre, ce qui est assez rare pour être souligné. Un soin extrême est par ailleurs apporté aux paysages (magnifiques), aux décors, aux costumes ainsi qu'à l'atmosphère funèbre, fébrile et méditative qui s'en dégage. Et si Mia Wiasikowski offre un habile portrait du personnage tourmenté qu'est Jane, c'est véritablement Michael Fassbender qui tire son épingle du jeu, le rôle de Rochester semblant avoir été fait sur mesure pour lui. Recherchant à la fois l'affection et désirant conserver un certain contrôle (comme pour Jane mais de manière différente), il le fait avec une facilité innée. Eyre est plus détachée, songeuse. Interprètes, scénario, ambiance, décors ... tout y est ... je vous conseille ce Jane Eyre 2011 de tout coeur, vous passerez un excellent moment, je vous le garantis !



JANE EYRE, CARY FUKUNAGA (date de sortie : 9 septembre 2011) >> 4,5/5

mercredi 12 octobre 2011

WILL THE GUNS COME OUT - HANNI EL KHATIB


Fils d'immigrés palestiniens et philippins, Hanni El Khatib a décidé de changer de vie en quelques années. Hanni El Khatib était désigner et directeur artistique de la marque de skate HUF. La musique était un hobby qui a pris de plus en plus de place au fil du temps. Après avoir enregistré plusieurs morceaux, il est parti en tournée avec Florence & The Machine. Il a donc quitté son job et sort aujourd'hui Will The Guns Come Out.

Will The Guns Come Out est un disque qui décoiffe, c'est le moins qu'on puisse dire ! Hanni El Khatib livre en effet 11 titres à l'essence punk rock sous influence blues et années 50 très Elvis, avec la modernité de groupes comme les White Stripes ou les Black Keys. De la fulgurante Build. Destroy. Rebuild, la très doo-woop Dead Wrong à la rockab Loved One ou la folk Wait Wait Wait en passant par les excellentes relectures de Heartbrak Hotel d'Elvis et de You Rascal You de Sam Theard, le chanteur de L.A. alterne les styles pour un ensemble réussi de bout en bout. Will The Guns Come Out est un album très court (un peu plus d'une demi-heure) nerveux, honnête et hyper efficace, un disque en somme fait "pour tous ceux qui se sont déjà pris une balle et renversés par un train " ... Une bien belle découverte pour ma part ...

lundi 3 octobre 2011

HARRY CLARKE


HARRY CLARKE fut sans aucun doute le plus grand artisan du vitrail de toute l'Irlande. Son nom est internationalement synonyme de qualité et inventivité. Son utilisation de profondes et riches couleurs, sa délicate représentation de superbes visages allongés, leurs traits finement sculptés et leurs grands yeux expressifs est en effet impressionnante. Durant sa courte vie, Harry créa plus de 160 vitraux, des commandes religieuses ou commerciales venues d'Irlande et d'Angleterre et même au-delà des Etats-Unis et de l'Australie. Si ses vitraux sont remarquables, ce sont pour ma part ses dessins / illustrations que l'on retrouve notamment dans les contes de Poe, Andersen ou Perrault qui m'ont laissé pantoise ... Sombres, poétiques, inquiétant(e)s et romantiques à la fois, ils (elles) témoignent incontestablement de son génie artistique  ...

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