dimanche 5 février 2012

BORN TO DIE - LANA DEL REY


Dire que Lana Del Rey était attendue au tournant avec Born To Die est un euphémisme ...  Critiques musicaux ou internautes ont tenté de percer le mystère de la troublante new yorkaise après qu'elle a discrètement posté sur internet au milieu de l'été le clip de "Video Games", proclamée depuis chanson de l'année par de nombreux magazines. De petits malins ont rapidement déniché les traces de son passé. Née Lizzy Grant dans une famille aisée du nord-est des Etats-Unis, la jeune femme de 25 ans a déjà publié un album sans rencontrer le succès. Elle s'est alors totalement réinventée, créant le personnage de Lana del Rey, créature de papier glacé aux boucles auburn parfaitement crantées et aux lèvres trop pulpeuses pour être vraies. Un débat enfiévré s'en est alors suivi : révélation qui a su habilement utiliser le web ou création marketing ? Une mauvaise prestation à SNL et une accusation de plagiat ont récemment épaissi le mystère ...  Ambiance schizo. Avec Born To Die, le voile n'est qu'en partie levé ...

Lana Del Rey divise ... c'est indéniable ... Vus par certains comme un simple produit marketing, on lui reproche une foultitude de choses notamment son brusque changement de nom, ses lèvres trop refaites, le fait qu'elle déçoive sur scène ... Elle semble en effet le plus souvent paralysée par un trac monstrueux et tente de sauver ses prestations à grand renfort de moues boudeuses, minauderies et autres secouages de cheveux. Je suis on ne peut plus d'accord avec ces observations mais ce sont justement ces faiblesses là (entre autres) qui me touchent et me font aimer Lana Del Rey. La jeune chanteuse a, personne ne peut le nier, développé un univers bien à elle. Born To Die est en effet un subtil mélange de modernité (phrasé hip hop, langage de bad girl), de nostalgie du glamour hollywoodien (aucun cheveu ne dépasse, une manucure toujours impec'), le tout baignant dans une ambiance très cinématographique, grandiloquente et solennelle mais qui ne tombe jamais dans le ridicule. Dès la première chanson, Video Games, on est transporté à L.A. bousculé entre les 50's, le skate, l'ennui et la vacuité du quotidien. La plupart des titres à l'image notamment de Blue Jeans et Born To Die reposent sur une construction similaire à savoir une musique ample empreinte de fortes références cinématographiques avec souvent des bruits de fond, des extraits de dialogue, une forte présence des cordes et du piano, un rythme lancinant tout en tension contenue mettant en valeur les modulations de la voix de Lana Del Rey. Une recette qui ne fonctionne pas forcément avec autant de réussite et d'habileté sur toutes les chansons de l'album (Without You, Luck Ones, Carmen, This What Makes Us Girls) mais dont il résulte tout de même de très chouettes titres comme Million Dollar Man (<3), National Anthem, Off To The Races, Lolita (3 tracks plus mainstream mais assez efficaces), Dark Paradise ou Radio. Les textes, tous signés de la chanteuse, continuent de creuser cet univers à part, dévoilant une vraie personnalité complexe. Lana Del Rey oscille sans cesse entre femme fatale et femme soumise, parfaite représentante de la femme enfant dans toute sa splendeur, même sa voix passe en une fraction de seconde du grave à l'aigu, de la femme sensuelle à la petite fille innocente. Bref, Born To Die n'est pas parfait mais c'est, selon moi, un bon album que je pense écouter encore longtemps.


BORN TO DIE, LANA DEL REY (date de sortie : 31 janvier 2012) >> 3.7/5

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