mardi 12 octobre 2010

LES HEUREUX ET LES DAMNES - F.S. FITZGERALD


Anthony Patch est un jeune homme brillant, vivant en oisif nonchalant, et s'essayant de temps à autre à l'écriture, dans le New York des années 1910, aux débuts de l'ère du Jazz. Grâce à son cousin, il fait la rencontre de la belle Gloria dont il tombe amoureux et qu'il épouse très rapidement. Le couple est de toutes les party (endiablées), tout le monde s'arrache leur compagnie. Ils sont heureux. Leur principal bonheur est de penser à plus tard. Ce plus tard incertain sur lequel il mise tant, est conditionné par l'héritage d'Anthony de la considérable fortune de son grand père. Une fois cet argent gagné, la vie sera douce, faite de voyages, de brise d’été au bord de la mer, de soirées délicieuses entourées d’amis charmants, mais rien ne se passe comme prévu ... et leur amour, leur mariage se dégradent petit à petit ... 

Fitzgerald ne plaisantait vraiment pas avec le titre de son roman ! Gloria et Anthony, les personnages principaux, apparaissent dès la première page complètement perdus, hors de la société (et de ses codes de l'époque) et il est particulièrement fascinant de voir le couple si uni au début de leur idylle se désintégrer lentement au fur et à mesure du temps. Gloria et Anthony sont les personnages les plus antipathiques que j'ai pu rencontrer ces derniers temps (dans un livre). Ils sont tous les 2 vaniteux, égoïstes, futiles (dépensant des sommes folles en vêtements du dernier cri, résidence secondaire, ... jusqu'à ne plus avoir un sou en poche) et paresseux (beaux, certes) mais Fitzgerald parvient à nous faire garder espoir tout au long du livre qu'ils se ressaisissent enfin et sortent de cette spirale infernale d'excès en tout genre (fêtes somptueuses, alcools, sorties, ... et cela sans travailler évidemment). Même si on ne les aime pas particulièrement, on continue à s'intéresser à eux et on espère que le juge leur donnera raison et qu'ils récupèreront l'argent de leur grand père (l'argent n'étant cependant nous le comprenons bien le vrai problème ...). Comme dans ses autres romans, la peinture des personnages est brillante, son style (bien qu'il s'agisse seulement de son 2ème roman) est déjà bien affirmé, élégant et subtil, poétique et minutieux, fluide, ironique voire cynique, la mélancolie y est omniprésente. On sent par ailleurs également que le livre est largement inspiré de la propre vie de Fitzgerald. L'auteur se référence d'ailleurs lui-même vers la fin du roman : "Dieu que ces nouveaux romans me fatiguent. Où que j'aille une idiote me demande si j'ai lu L'Envers du Paradis. Sont-elles toutes comme ça? Si oui, ce que je ne pense pas, la génération à venir ne vaudra rien. Je suis las de tout ce réalisme de bas-étage."  Peut-être pas le meilleur des Fitzgerald mais ça vaut tout le même le coup de le lire, si, si, vraiment (je suis une inconditionnelle de cet auteur, ceci expliquant (peut-être) cela ;-))! 




Petit aparté : J'avais lu sur internet que ce livre serait adapté au cinéma avec Keira knightley, il s'avère qu'il ne s'agit pas de ce livre même, mais bien d'un biopic sur Francis S. Fitzgerald et sa femme Zelda !! J'ai vraiment hâte de voir ce que ça va donner !! 

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