jeudi 25 novembre 2010

TWIN PEAKS : LA SERIE

Un meurtre a été commis à Twin Peaks, une petite bourgade de l'Etat de Washington en apparence tranquille. La jeune Laura Palmer est retrouvée morte nue au bord d'un lac, enveloppée dans du plastique (She's dead. Wrapped in plastic). 
L'agent spécial du FBI, Dale Cooper, envoyé sur place pour démasquer le coupable, mène l'enquête avec le soutien du shérif local, Harry Truman
Ces investigations les amènent à révéler au grand jour les sombres secrets des uns et des autres. Pendant ce temps, d'inquiétants phénomènes se produisent...
Marathon Twin Peaks ? Done ... En très très peu de temps, j'ai avalé les 30 épisodes qui composent la série ... Il faut dire qu'il y a de quoi devenir totalement accro ... Pourquoi, 20 ans après sa diffusion, Twin Peaks fascine-t-il toujours autant ? Parce que David Lynch et Mark Frost ont su créer un univers tout à fait particulier, étrange, totalement flippant où le mélange des genres est roi. 
Le cadre de l'histoire est familier : une petite bourgade au fin fond du nord ouest des Etats-Unis et une trentaine de personnes tout ce qu'il y a de plus banal a priori (des lycéens, leurs familles, le docteur, les agents de police, le café du coin et ses serveuses, ...). 
S'y ajoutent quelques petites touches insidieusement effrayantes : le meurtre inexpliqué de Laura Palmer, une jeune fille apparemment bien sous tous rapports, les nuits terriblement noires et silencieuses, l'inquiétante forêt de Ghostwood et cette phrase indéchiffrable qui hante les rêves de l'agent Cooper : The owls are not what they seem ... 
A cela, Lynch apporte une grosse louche de fantastique et d'onirisme, une cuillère de second degré chez ses personnages 
 (l'officier Andy qui pleure devant les cadavres, Nadine l'obsédée des rideaux silencieux, la Log lady >> la "femme à la bûche" persuadée que son mari s'est réincarné dans une buche qu'elle tient 24 heures sur 24 dans ses bras,
 ...) ainsi qu'une pincée de soap opera digne des Feux de l'Amour (dont une parodie grotesque "Invitation to love" est suivie par les personnages eux-mêmes) . Un mélange des genres (policier, humour, ...) détonnant, presque schizophrène où le rassurant cotoie le sordide (prostitution, drogue, violence, ...). 
Cette tension  permanente (renforcée par la musique toujours extrêmement bien choisie) entre ténèbres et scènes plus légères incarne parfaitement la magie mais surtout la complexité de l'oeuvre (qui ne sombre jamais dans le glauque). Chaque épisode apporte son lot de réponses mais aussi des rebondissements assez affolants, on ne s'ennuie donc jamais.
Lynch en  jouant par ailleurs sur les apparences souvent trompeuses (les personnages ont quasiment tous une double nature) et sur la question du double peint une galerie de personnages extrêmement intéressante et attachante
mon préféré étant sans conteste Dale Cooper,
 qui donne vraiment le ton à la série (Kyle McKalan fait un boulot d'enfer de ce point de vue là), avec ses méthodes peu orthodoxes qui donnent une place importante à l'intuition et aux rêves,
 sa vénération du café "noir comme une nuit sans étoiles" (black as midnight on a moonless night),
 son complet noir impeccablement repassé, sa coupe ultra soignée et sa manie d'enregistrer des messages vocaux pour sa secrétaire restée à Seattle (Diane, it's  .. pm).
 Une poignée d'esprits maléfiques plus tard, on plonge dans un univers hallucinant et halluciné avec en particulier les scènes surréalistes se déroulant dans la Black Lodge où l'agent Dale Cooper cotoie notamment un nain dansant et autres personnages désincarnés (Bob, le plus freaky).
 La chaine ABC, devant la chute d'audience de Twin Peaks (que je ne comprends d'ailleurs pas du tout, le scénario étant extrêmement bien ficelé avec très très peu de baisse de régime) a cependant souhaité mettre un terme à la série alors qu'une troisième saison (damn !!) était un temps envisagé et que les scénaristes avaient oeuvré en ce sens. Aussi la fin du dernier épisode ne marque-t-elle pas une conclusion mais se termine bel et bien en cliffhanger aussi efficace et flippant que mystérieux ... La dernière minute de Twin Peaks est un de ces moments dont on ne revient littéralement pas ...  
TWIN PEAKS LA MEILLEURE SERIE DE TOUS LES TEMPS, that's all  !! 
Fun fact : The Black Lodge. Pour les imprégner d'une "inquiétante étrangeté", David Lynch a décidé de tourner à l'envers toutes les scènes dans la Lodge. Les acteurs apprenaient donc leurs textes à l'envers, puis se déplaçaient à l'envers pendant que la caméra tournait à l'envers. En repassant les scènes dans le sens inverse, les mouvements et les phrases retrouvaient une signification.

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