jeudi 15 septembre 2011

ENGLAND, ENGLAND - JULIAN BARNES


Jerry Batson, qui se définit comme un « accoucheur d'idées », va en vendre une assez sensationnelle à sir Jack Pitman, un excentrique milliardaire : créer sur l'île de Wright une sorte de gigantesque parc d'attractions rassemblant tout ce qu'il y a de plus typique, de plus connu en Angleterre. Cela va des blanches falaises de Douvres à Manchester United, de Buckingham Palace à Stonehenge, du mausolée de la princesse Diana au théâtre de Shakespeare. Le projet est monstrueux, hautement à risques, et voilà qu'il se révèle être un énorme succès. La copie va-t-elle menacer de surpasser l'original ? Et qu'adviendra-t-il si c'est elle que les touristes vont préférer visiter ?

England, England bénéficie d'une construction originale, qui pourrait s'apparenter à une sorte de jeux de miroir. Il se décompose en trois parties. La 1ère intitulée Angleterre raconte l'enfance de Martha Cochrane, future directrice du parc. La 2de, England England, traite du vaste projet de loisirs et est à son tour divisée en 3 : l'apogée de Jack Pittman, sa chute et son retour au sommet. Enfin, le livre se termine sur un dernier volet : Anglia, nom de l'Angleterre suite à son déclin causé par England, England et vouée à un archaisme profond, narre la vieillesse de Martha. Perfide Albion ! voilà comment on pourrait résumer en deux mots le livre de Julian Barnes. L'auteur signe en effet ici une double critique. Il pose un regard caustique sur son pays natal qui cache, derrière une façade de respectabilité, les comportements les plus déviants. Il dévoile la façon dont le Royaume Uni est perçu à l'étranger tout en se moquant du patriotisme démesuré et du conservatisme de ses compatriotes. Il propose en même temps, une satire de l'industrie des loisirs qui pour faire profit est prête à tout, jusqu'à réécrire l'histoire pour attirer davantage de touristes ... Pris dans son délire futuristique, Barnes a un peu chargé la barque mais l'humour typiquement et l'écriture au vitriol devrait ravir les amateurs du genre. Et malgré un début lent et peu passionnant, on se prend au jeu dès que l'intrigue est mise en place et on termine le livre sans s'en rendre compte.


ENGLAND, ENGLAND (paru en janvier 2002) - JULIAN BARNES >> 3.35/5

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