jeudi 19 avril 2012

THE GHOST WRITER - ROMAN POLANSKI


The Ghost, un " écrivain - nègre " à succès est engagé pour terminer les mémoires de l'ancien Premier ministre britannique, Adam Lang. Mais dès le début de cette collaboration, le projet semble périlleux : une ombre plane sur le décès accidentel du précédent rédacteur, ancien bras droit de Lang...


The Ghost Writer est une oeuvre élégante, accomplie et intelligente. Le spectateur s'identifie assez rapidement au candide personnage interprété par Ewan McGregor (qui n'a étonnamment pas de nom) et plonge en même temps que lui dans cet univers glacé où chausse-trapes, coups fourrés, trahisons et alliances suspectes constituent la règle. L’écrivain un peu naïf, qui pensait que l’engagement politique n’était qu’une question de convictions profondes et de volonté individuelle de changer le monde va découvrir que tout cet univers n’est que manipulations et mensonges. Mais qui manipule qui ? 


Dans la 1ère partie, le cinéaste prend son temps pour nous présenter les personnages, leurs rapports entre eux. Je suis restée accrochée pendant tout le film grâce notamment à sa mise en scène sobre et froide et son esthétique particulière, un régal d’ambiguïté, d'ironie trouble, d'angoisse diffuse, tout semble arrêté, hors du temps, sur une île qui a tout de l'île maudite. 


Dès que le "écrivain fantôme" découvre fortuitement les documents accumulés par son prédécesseur, juste avant sa mort, le rythme s’emballe. Le film bascule dans une enquête haletante où plus le héros s’approche de la vérité, plus il met sa vie en danger (d'où le questionnement : s'agit-il d'écrire en tenant compte simplement des indications de l'homme qui est le sujet du livre ou s'agit-il d'enquêter sans se faire voir pour proposer une version plus vraie et plus risquée aussi ?) 


Puisque, comme suggéré par la première partie – d’où son intérêt – chaque personnage possède ses propres zones d’ombre, on ne sait jamais vraiment quels sont les alliés ou les ennemis potentiels de l’écrivain. La tension monte graduellement autour de situations finalement assez anodines. Le héros s’inquiète de petits détails : une discussion avec un inconnu dans un bar, une alarme qui se met à sonner dans la maison, le regard inquisiteur de la domestique, un téléphone qui sonne, une  promenade en vélo, un périple en voiture où chaque véhicule croisé doit être considéré comme un poursuivant en puissance. Et à chaque fois ce que l’on croit le héros menacé ... la paranoïa est de mise ... Le final repose sur un coup de théâtre inattendu (vraiment inattendu, j'ai été assez soufflée). 


S'appuyant sur le talentueux Ewan McGregor (parfait dans son rôle), The Ghost Writer est, malgré un scénario relativement classique (certains éléments sont assez prévisibles) un thriller politique saisissant et efficace.


THE GHOST WRITER, ROMAN POLANSKI (date de sortie : 3 mars 2010) >> 4,1/5

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