mercredi 3 octobre 2012

MON TOUR DU "MONDE" - ERIC FOTTORINO



Longtemps j'ai rêvé du Monde. J'y serais entré même à genoux ! Depuis mon premier article, paru en 198, j'étais encore étudiant, jusqu'à mon départ, en février 2011, près de trente années se sont écoulées.
Je me souviens de tout. La rue des Italiens, les séances de Bourse au palais Brongniart, mes premiers reportages. Je revois les affamés d'Ethiopie, le visage de Mandela, la trogne de Noriega. Je revois les kolkhozes d'Ukraine, le marché aux grains de Chicago, les élégantes du Viet Nam. J'entends la voix de Jacques Benveniste, qui croyait à la mémoire de l'eau, Jane Birkin parlant de Gainsbourg, tant de silhouettes, tant de reportages. Le journalisme fut mon pain de tous les jours. Je suivis d'un coeur léger ses mots d'ordre : voyager, rencontrer, raconter. Puis recommencer.
Elu directeur, j'ai plongé dans l'aventure collective. Il a fallu garder confiance quand les dettes s'accumulaient, et que le Net ébranlait la galaxie Gutenberg. Il a fallu réinventer ce journal dans l'urgence et la douleur, sans gros moyens, avec la foi du charbonnier. Il a fallu aussi approcher le pouvoir et le tenir à distance. La mer était souvent agitée.
J'ai tout revu, tout revécu. J'ai tout aimé ou presque, sachant avec Cioran qu'il faut parfois avaler l'amer avec le sucré. J'ai quitté Le Monde mais Le Monde ne m'a pas quitté.

Ce livre m'a laissé une impression extrêmement mitigée ... Pour tout dire, j'ai eu du mal à en arriver au bout (cas très rare en ce qui me concerne). Mon Tour du "Monde" est intéressant en tant que témoignage d'un journaliste sur son métier (abordé de différentes manières et dans des domaines très divers), sur le fonctionnement de la véritable institution qu'est le Monde et sur certains aspects pittoresques de la profession. La variété des postes occupés par Eric Fottorino lui permet de porter un regard diversifié sur tout cela, même si l'on toujours la marque de son dernier poste ... Son parcours personnel est en outre intéressant, empreint de nostalgie, Fottorino remarque que le jeune journaliste qu'il était perd peu à peu de sa naïveté, que ce soit sur le monde en général, le monde des médias ou encore Le Monde. 

L'ensemble est cependant inégal. Certains passages sont fastidieux, notamment sur les luttes internes qui tournent rapidement au catalogue de "qui est allié avec qui" ... Les voyages (en Afrique surtout) sont évoqués de manière un peu trop emphatique, perdant ainsi de leur force. Les souvenirs du Monde oscillent entre hommages, nostalgie et amertume, d'ailleurs celle-ci n'est pas toujours bien dosée, même si Fottorino s'efforce de rester objectif. Bref, tout cela crée un curieux mélange, pas toujours très digeste ... 

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