jeudi 8 mars 2012

MORT DE BUNNY MUNRO - NICK CAVE


Bunny Munro vend des produits de beauté et rêves d'espoir aux ménagères esseulées de la côte sud de l'Angleterre. Lancé à la dérive par la mort subite de sa femme et luttant pour rester en phase avec la réalité, il fait la seule chose qui lui vienne à l'esprit - prendre la route, son fils de neuf ans à ses côtés. Tandis que Bunny colporte sa marchandise et son sex-appeal, Bunny Junior attend patiemment dans la voiture, explorant le monde à travers son encyclopédie. A mesure que leur étrange odyssée approche de son épilogue, Bunny réalise que les fantômes qui l'entourent sortent de l'ombre pour venir réclamer leur dû. 


Plus connu pour ses albums vénéneux avec The Birthday Party, The Bad Seeds ou Grinderman, Nick Cave n'en est pas moins et également écrivain et de talent. Le Mort de Bunny Munro conte le périple d'un homme perdu, alcoolique, irresponsable et obsédé notoire qui n'arrive pas à reprendre pied et sombre petit à petit. 


Chronique d'une mort annoncée dès les premières lignes, Mort De Bunny Munro trimballe le lecteur dans des paysages sordides (vieux motels pourris, Desperate Housewives anglaises, ...) mais sans jamais tomber dans le pathos


La plume de Nick Cave est nerveuse, poétique, cynique et réaliste et m'a très très fortement pensé à celle de Charles Bukowski (quel compliment !), de même pour la trame de l'histoire d'ailleurs. 


Si le personnage principal éprouve une fascination visuelle obsédante pour les sexes féminins (surtout ceux d'Avril Lavigne et Kylie Minogue), dont il convoque l'image à tout moment pour tenter de calmer ses ardeurs (il se transforme en loup Tex Avery dès que passe une pépé un peu sexy), une addiction à l'alcool et aux drogues, le roman offre également et surtout en filigrane le touchant portrait d'une relation père-fils bancale. 
C'est d'ailleurs cela, cette histoire humaine que l'on retiendra, plus que les thèmes racoleurs envisagés dans le roman (même si ces thèmes sont abordés avec justesse), le contraste étant j'imagine volontairement flagrant. Le petit génie, limite autiste, aime son père avec une force que seuls des enfants peuvent ressentir à l'égard de leurs parents. On se dit que Bunny va percuter, qu'il va aimer son fils et, pour lui, se battre, changer de vie, mais c'est peine perdue (c'est un looser). La force de ce livre entre autres est de faire naître un espoir chez le lecteur, un espoir que non, il ne mourra pas, et que tout se finira par un happy end ... 


Un très beau livre dans lequel on suit, les tripes nouées, la véritable descente aux enfers d'un homme en quête de rédemption mais rongé par ses démons intérieurs.

MORT DE BUNNY MUNRO, NICK CAVE >> 3.8/5

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