vendredi 6 juillet 2012

GENERATION X - DOUGLAS COUPLAND


Retirés dans des bungalows rudimentaires à Palm Springs ("petite ville où des vieux essaient de se racheter une jeunesse et quelques barreaux à l'échelle sociale"), Dag, Claire et Andy, ont fui leur destinée toute tracée de parfait yuppie de publicitaire ou de courtier... Vivotant de petits jobs ou "macjobs"* comme ils les surnomment (vendeuse, barman...), ils déroulent leurs journées paresseuses autour des piscines de leur quartier, de pique-nique dans le désert, de soirées où ils réinventent le monde et maudissent le bourrage de crâne social ...



Le livre étonne d'abord de par sa mise en page originale : des marges larges qui laissent souvent place à des illustrations pop, des slogans parfois fantaisistes (très Requiem For A Dream) ou à de courtes définitions parodiant les études sociologiques.


"Anti-sabbatical : A job taken with the sole intention of staying only for a limited period of time (often one year). The intention is usually to raise enough funds to partake in another, more personally meaningful activity such as watercolor sketching in Crete or designing computer knit sweaters in Hong Kong. Employers are rarely informed of intentions".

Chapitre après chapitre (aux titres en forme de credo : "Je ne suis pas un coeur de cible", "Quitte ton boulot", "Mort à 30, enterré à 70", "Acheter n'est pas créer"...), Coupland analyse la société et ses travers (matérialisme, complexe de Dorian Gray (refus de vieillir), aliénation par le travail, individualisme) et décortique avec une pointe de cynisme, dans un style agréable, vif et hilarant, la mécanique hypocrite du système. Génération X, c'est le roman d'une génération à la dérive, une jeunesse sans but ni rêve sacrifiée sur l'autel de la Sainte Économie. Et bien que Coupland nous dépeigne (il s'agit d'un constat et non d'une étude sociétale) celle née entre 1960 et 1970, le roman conserve encore aujourd'hui toute sa pertinence. On se rend compte que malgré les années de différences, les questionnements, les doutes et les peurs (nostalgie de l'enfance, du passé, envie de vivre à fond, peur du futur, de la marginalité, pression familiale, sociale, ...) restent les mêmes, on n'a en effet aucun mal à s'identifier aux personnages. L'atmosphère générale du livre est assez troublante, grave, psychédélique et décalée. Savoureux de bout en bout et comportant son lot de moments forts, Génération X est un roman innovant, ludique, vrai, rempli d'humanité, de tendresse et de révolte, qui fait réfléchir et dont je vous recommande plus que chaudement la lecture !


“After you're dead and buried and floating around whatever place we go to, what's going to be your best memory of earth? What one moment for you defines what it's like to be alive on this planet. What's your takeaway? Fake yuppie experiences that you had to spend money on, like white water rafting or elephant rides in Thailand don't count. I want to hear some small moment from your life that proves you're really alive.” 

“When someone tells you they’ve just bought a house, they might as well tell you they no longer have a personality. You can immediately assume so many things: that they’re locked into jobs they hate; that they’re broke; that they spend every night watching videos; that they’re fifteen pounds overweight; that they no longer listen to new ideas. It’s profoundly depressing. ” 

“This was not a good idea coming home for Christmas. I'm too old. Years ago, coming back from schools or trips, I always expected some sort of new perspective or fresh insight about the family on returning. That doesn't happen anymore-the days of revelation about my parents, at least, are over... its time to move on. I think we'd all appreciate that.”

 GENERATION X : TALES FOR AN ACCELERATED CULTURE, DOUGLAS COUPLAND >> Incontournable

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