Dans la belle petite ville américaine de Lumberton, en Caroline du Nord, Mr. Beaumont est victime d'une crise cardiaque en arrosant son gazon. Son fils Jeffrey, rentrant chez lui après une visite à son père malade, découvre une oreille humaine dans un champ. Cette oreille, en décomposition, est couverte d'insectes. Jeffrey amène immédiatement sa trouvaille à l’inspecteur Williams et fait ainsi la connaissance de sa fille, la jolie Sandy. Poussé par la curiosité et un certain goût pour le mystère, Jeffrey va mener l'enquête avec elle pour découvrir à qui appartient cette oreille et ce que cache cette histoire macabre, derrière la façade apparemment innocente de Lumberton. Cette investigation va le plonger dans le monde étrange et sordide où évoluent, entre autres, Dorothy Vallens, une chanteuse de cabaret psychologiquement fragile, et Frank Booth, un dangereux psychopathe pervers.
Avec Blue Velvet, Lynch déjoue les évidences et échappe aux certitudes du spectateur ... Le film débute comme un conte de fées, mettant en scène "le" quartier américain typique, calme et sans histoires. Mais comme chacun sait, il n'y a rien de plus insolite, de plus anormal, de plus monstrueux, que ce qui se cache derrière une banale normalité. Dans cette petite ville paisible où il menait jusqu'ici une existence tranquille, le jeune héros et sa petite amie vont plonger dans un monde étrange et terrifiant, découvrir d'étonnants réseaux de dealers, de maîtres-chanteurs cruels, de criminels en puissance dopés à l'oxygène, de tueurs à gages hystériques, de policiers troubles, de maquereaux... Jeffrey, alias Kyle MacLachlan, en plein voyage initiatique, oscille alors entre sa relation rassurante avec Sandy le jour, sa fiançée « rose-bonbon », et les ténèbres de velour bleuté qui entourent Isabella Rossellini la nuit. Comme pour Jeffrey, le spectateur se laisse emporter dans ce tourbillon fascinant. L’intrigue policière qui s’était mise en place au début du film se positionne en second plan, fausse piste parmi d’autres, pour laisser place aux préceptes naissants de l’univers Lynchien : une succession de scènes troublantes, d’images fortes, de double sens, de plages musicales planantes, de recherche sonore expérimentale, et, bien sûr, de troubles psychotiques graves. Esthétiquement et scénaristiquement très réussi, soulignons également le casting de Blue Velvet avec un Kyle MacLachlan impeccable et un Dennis Hopper magistral ! Premier véritable classique du réalisateur américain et première collaboration avec son compositeur fétiche, Angelo Badalamenti. A voir absolument (on ne ressort pas indemne de l'expérience) !!
BLUE VELVET, DAVID LYNCH (date de sortie : 1986) >> 4/5