Louise est en pleine confusion lorsqu'elle va rendre visite à l'hôpital à sa mère Alice, atteinte d'un cancer pour lui annoncer qu'elle va bientôt mettre au monde son premier enfant, la petite Angèle.
Après avoir été la fille de son père dans un 1er livre (Le rendez-vous) qui ne parlait que de lui ou presque, puis "la" cocue de Saint-Germain-des-Prés dans un 2d (Rien de grave, que j'avais bien aimé si mes souvenirs sont bons) qui racontait comment celle qui n'était pas encore la 1ère dame de France (rebaptisée Terminator dans le livre) avait séduit son ex-mari, Enthoven fils, le fameux Raphaël des "4 consonnes et 3 voyelles", c'est en tant que "fille" encore, "mauvaise" paraît-il, de sa sublime mère (Isabelle Doutreluigne, morte en 2004 [si vous avez des photos d'elle, je suis preneuse, j'ai eu beau cherché je n'en ai trouvé aucune sur internet, bizarre, bizarre ...]), que Justine Lévy signe ce 3ème roman. Son écriture : fragile, hésitante, angoissée, hachée, orale colle parfaitement à son état d'esprit. On oscille entre le journal intime, effronté et insolent, et l’émouvant hommage à cette mère si loin d’avoir été parfaite, mais qui reste sa mère même si elle n’en assumait pas vraiment la responsabilité. Mauvaise Fille propose d'ailleurs une lecture plutôt singulière d'un rapport mère/fille soudé autour du cancer maternel. La narratrice, tantôt enfant indigne, tantôt enfant modèle d’une mère insouciante, est tiraillée entre l’amour instinctif et certaines rancoeurs venues avec l’éducation. Mais Justine Lévy ne s’est pas arrêtée à cette seule génération, puisque ‘Mauvaise fille’ narre aussi la grossesse de son personnage central. Malheureusement, ce twist (une mort annoncée remplacée par une naissance attendue) s'accompagne de vérités évidentes et banales sur les errements d'une femme enceinte : le thème de la transmission disparait derrière des détails pragmatiques ... Malgré cette 2ème partie plus faible et moins intéressante de mon point de vue et qui m'a beaucoup moins plu, Mauvaise Fille est un joli roman, touchant et honnête.
MAUVAISE FILLE, JUSTINE LEVY >> 3,5/5